« Moi, si j’étais un homme, je serais capitaine
D’un bateau vert et blanc … »
Mais surtout pas, jamais de la vie !
Amante d’un marin, plutôt mourir. Le type n’est jamais là, il raconte partout que la femme de sa vie, c’est la mer.
Plus égocentrique qu’un capitaine, t’as quoi ? astronaute peut-être, et encore, les astronautes, au moins, ils sont plus souvent sur terre.
Non merci.
(Et le bateau, moi si j’étais un homme, je ne le prendrais pas vert et blanc, mais c’est un détail)
« Je t’emmènerais en voyage
Dans les plus beaux pays du monde … »
Mais non enfin ! Quelle idée.
Moi j’attends derrière ma quenouille que tu te décides à organiser un voyage ? C’est clair, à ce compte-là, on ne part jamais.
On ajoute que le plan est bien trop risqué : « Chérie fais tes bagages, on part faire le rallye des pubs anglais en Porsche » Youpi !
Il y a un problème ? T’aime pas les voyages ? T’aimes pas rigoler ? T’aimes pas la bière ?
Justement, j’aime voyager et rire Jean-Michel, c’est ça le problème.
« Je te ferais l’amour sur la plage
En savourant chaque seconde
Où mon corps engourdi s’enflamme »
Au secours. Cette personne n’a jamais fait l’amour sur la plage. ÇA GRATTE SA MERE
C’est jouable entre 17 ans et 17 ans et demi, et une seule fois, après tu évites
« Je t’offrirais de beaux bijoux
Des fleurs pour ton appartement
Des parfums à vous rendre fou »
Non mais tu me prends pour Pretty Woman ou bien ?
Tu as zéro imagination ? Tu as tout misé sur ton compte bancaire ?
Allez, disons que c’est un peu mieux qu’un robot Magimix, on est ½ étage au-dessus.
Peut mieux faire.
« Et juste à côté de Milan
Dans une ville qu’on appelle Bergame
Je te ferais construire une villa »
Alors là, je ne dis pas non, tu m’intéresses, même un petit studio, même une bicoque je prends.
Par contre, la villa/bicoque on la choisit ensemble. Si possible. Merci de préciser, parce que c’est ambigu là.
« Je t’appellerais tous les jours
Rien que pour entendre ta voix
Je t’appellerais « mon amour »
Insisterais pour qu’on se voit »
De mieux en mieux, un forceur. Je repars à Bergame désolée, c’est moi qui t’appellerai.
(et pitié, ne m’appelle pas mon amour, ni mon chaton, ni mon minou, ni mon cœur, ni mon lapin, ni mon canard, ni aucun autre animal de la ferme en fait)
« Je suis femme et quand on est femme
Ces choses-là ne se font pas »
Et pourquoi donc Germaine ? Aka Diane Tell, meuf du paléolithique !
Tout le monde se pose la question, POURQUOI ?
« Ah, si j’étais un homme
Je serais romantique »
Voilà, on y est. On met le doigt (le majeur levé, soyons précis) sur le problème.
Le « romantisme » [se prononce en mangeant des chamallows, les yeux perdus sur la ligne d’horizon avec les poils qui se dressent]. Ou plutôt l’idée que l’on s’en fait.
On a été droguées au romantisme, au prince charmant, à l’amour fou.
Mais la drogue c’est de la merde.
Cette chanson est une chanson de mecs.
La femme est passive, une petite chose qui bat des mains et qui brille des yeux. Elle reçoit les cadeaux, des hommages, elle s’adapte aux clichés, une femme bel objet mais une femme objet quand même. Qui rêve de ça plus de 3 minutes 30, le temps d’une chanson ?
Je suis allée voir qui était le parolier, j’étais sûre à 100% que c’était un homme.
Erreur totale, c’est Diane Tell qui l’a écrite et composée.
Mais qu’est ce qui t’as pris Diane ? Dans quelle galère sentimentale étais tu embarquée ?
Tu as grave merdé mon amie. Ça fait 45 ans qu’on se tape ces clichés éculés. Qu’on est censées être fondues d’amour en entendant ta voix, noyées dans l’eau de rose, nostalgiques de rapports genrés jusqu’à la caricature.
45 ans que des bandes de filles ivres chantent ta foutue chanson en karaoke, la main sur le cœur et les yeux mouillés (pendant un enterrement de vie de jeune fille, tant qu’à faire, puisqu’on a déterré cette antique coutume de l’enfer, tu sais, le karaoke, juste après la séquence strip tease qui a redonné des perspectives professionnelles à des ersatz de Chippendales censés représenter le rite de transgression de la vie d’une femme avant de s’enchaîner à un mari, quelle misère. Mais je m’égare)
Sachant que le mètre étalon du film romantique, sorti 10 ans plus tard, raconte l’histoire d’un homme riche qui s’offre une prostituée pauvre en la couvrant de cadeaux de luxe et qui daigne tomber amoureux d’elle à la fin. Oups.
Le romantisme, c’est à chier, un jour il va falloir prévenir les petites filles.
Bref, on ne te dit pas merci Diane.
Moi si j’étais un homme, j’écrirais une chanson sur l’amour pour remplacer cette daube, une belle chanson qui renverserait tout mais cette fois-ci pour de vrai, un truc autrement romantique, qui ferait vraiment rêver en somme.
Moi si j’étais un homme, je serais féministe 💜
Moi, si j’étais un homme… Malheureusement, je crois que si j’étais un homme, je serais un gros nul comme les autres parce que j’aurais été éduqué à en être un.
Non, même en homme tu serais une princesse, tu serais mal éduqué peut-être, mais tu serais un homme qui a réfléchi un peu et tu ferais des tribunes dans Mediapart sur le foutu romantisme